PĂ©dagogie
LâEspace Art Vif trouve ses fondements dans les filiations philosophiques libeÌrales et eÌgalitaires qui ont inspireÌ les deÌclarations des droits de lâhomme et toute la litteÌrature et courants de penseÌes que lâon dit humaniste, dans lâesprit des lumieÌres qui estime que chacun de nous est doueÌ de libre arbitre et quâil est de la responsabiliteÌ de chacun de nous de trouver ce pourquoi il est fait, dâinfleÌchir sa destineÌ, de ne pas sombrer dans la fataliteÌ.
La creÌativiteÌ oblige aÌ se mettre en jeu, aÌ se positionner dans le temps et lâespace. Lâimagination permet de saisir et de donner forme aux ideÌe, aux deÌsirs et de se projeter dans le passeÌ comme dans le futur. Les points de vue sont des perspectives, des possibles, des ouvertures.
Encourager et favoriser lâeÌpanouissement des personnes sont nos deÌfis quotidiens et lâexpression en est le moteur, le moyen et le principe peÌdagogique.
Lorsque lâon creÌe sâest tout lâeÌtre qui se met en mouvement, le geste va chercher dans le corps, dans le coeur, dans le cerveau les solutions pour donner une forme. Il y a dans le moment creÌatif une intention, des difficulteÌs pratiques et des solutions, il y a de la ferveur, de la frustration et des reÌsultats inattendus bien que rechercheÌs. Comme dans lâexistence il faut composer, sâadapter ou non, faire des choix, laisser faire et voir venir...
Il y du jeu, de la liberteÌ, quelque chose eÌchappe au controÌle mais la matieÌre reÌsiste et il faut la dominer aussi. Se reÌaliser en reÌalisant.
Rien de facile dans le programme proposeÌ aÌ lâEspace Art Vif meÌme si la deÌcouverte de soi a quelque chose de jubilatoire, il y a aussi de la douleur aÌ faire le constat de ce qui est, de ce que lâon fut et parfois il y du deÌsespoir aÌ y voir plus clair. Mais nous posseÌdons en nous-meÌme les solutions et les eÌchappatoires. Câest ce travail de mise en lumieÌre qui est profitable. DeÌbroussailler ensemble, mettre en eÌvidence, trouver les liens, les communauteÌs de penseÌes et dâimages qui nous rendent humains, semblables et singuliers. Un dialogue aÌ partir des oeuvres creÌeÌes est engageÌ, il favorise la mise en eÌvidence des points communs entre les objets, eÌclaire sur le style qui sâen deÌgage, oblige aÌ la continuiteÌ et met en relief ce que nous avons de commun et de singulier.
Le travail accompli est valoriseÌ par des expositions et par le dernier entretien durant lequel les diffeÌrents acteurs de la situation sont inviteÌs aÌ voir lâensemble des eÌlaborations. Ce moment de reconnaissance et le fruit de lâaccomplissement de trois mois intenses et significatifs dans le parcours dâun/e adolescente.
Ce laps de temps est suffisant pour faire un bilan inteÌressant sur lâeÌtat de la situation et sur les possibiliteÌs dâune personne aÌ un moment preÌcis de son parcours. Un compte rendu qui analyse et oriente sur les perspectives et les deÌcisions aÌ prendre. Ceci dans diffeÌrents secteurs de lâexistence: professionnels, relationnels, comme sur les liens comme les lieux aÌ privileÌgier.
Publications et références

Une dĂ©marche originale proposĂ©e par la Fondation Art Vif et illustrĂ©e dans « LIGNEE, DETOUR PAR LES ATELIERS DâART VIF ».
Lorsque la banalitĂ© ou la cruautĂ© de lâexistence nous laisse sans voix, communiquer par le geste et Ă travers des sons, des images et des formes redonne de la singularitĂ©  aux Ă©motions et de la beautĂ© Ă lâindicible.
La crĂ©ativitĂ© est une Ă©nergie, elle oblige Ă la rĂ©alisation de soi et Ă assumer le sens et la logique de nos trajectoires. Elle redonne le goĂ»t des choses et de la libertĂ©. Enfin, Ă©claire sur ce quâil y a de commun entre les ĂȘtres.

DĂšs 1976, des jeunes gens venaient Ă Bienne, prĂšs du lac oĂč Jean-Jacques Rousseau Ă©crivit la cinquiĂšme promenade, sur son Ăźle, en rĂȘveur solitaire. Cela avait pour nom le Foyer dâapprenti de Boujean. Ils venaient ici, placĂ©s pour la plupart par des tribunaux de mineurs, suite Ă des actes quâils avaient commis, des vols, des agressions, des fugues. Sombre passĂ©. Lorsquâil sâagissait dâexpliquer les actes commis par ces adolescents, trĂšs curieusement, les tribunaux sâadressaient aux experts, lesquels sâadressaient aux parents. Mais le jeune, lâauteur, de sa part on nâentendait rien.
Je leur proposai alors, Ă ces inconscients prĂ©sumĂ©s ou notoires, de reprĂ©senter avec les moyens les plus simples : du papier, de la couleur, de la terre, un appareil photo, une camĂ©ra, un magnĂ©to, ce que fut leur vie jusque-lĂ . Libre Ă eux de dĂ©finir le dĂ©but de leur histoire et jusquâoĂč elle allait. (âŠ.) En place dâun expert, jâinvitai ces parents et grand-parents qui Ă©taient largement reprĂ©sentĂ© dans les oeuvres. Et ces parents-lĂ , Ă©mus par ces crĂ©ations Ă©tonnemnent « parlantes », ont demandĂ© Ă sâexprimer aussi et de la mĂȘme maniĂšre. Le foyer dâapprentis Ă©tait bien loin. Lâespace ART VIF Ă©tait nĂ©. A la Hintergasse Ă©tait un rĂȘveur solidaireâŠ